Il n’avait pas choisi la musique, c’est la musique qui l’avait choisi. Aucun membre de sa famille biologique n’était chanteur, et pourtant, un destin singulier l’a conduit à prendre le micro pour émerveiller le monde musical.
Sa voix envoûtante et son immense talent ont su toucher les cœurs et réjouir les mélomanes. Ce destin, cependant, fut perçu comme une faute grave par certains, y compris par son propre père.
Dans la tradition mandingue, un prince Kaba n’est pas destiné à chanter. Il est censé consacrer sa vie à la transmission du message divin à travers le Coran.
Un Manikamori, et plus encore un Kaba n’a pas vocation à chanter. Voir un marabout devenir artiste était vécu comme une transgression. Mais le destin a ses mystères que la raison ignore.
Kankan Baba Djan est l’auteur de la mythique chanson « N’wala la Kankan lé », aujourd’hui considérée comme l’hymne culturel de la ville de Kankan.
Son parcours évoque celui de l’illustre Salif Keita, le « roi du Manden », l’oiseau blanc.
La voix d’or de la savane a traversé de nombreuses épreuves psychologiques en raison de sa passion.
Sa famille, farouchement opposée à ce rêve jugé sacrilège, a tout tenté pour l’en détourner en vain. On entendait dire : « Depuis quand un Kaba devient-il un Kouyaté ? C’est impensable ! ». Mais sa foi en son destin fut plus forte que toutes les oppositions.
Il a su écrire sa propre légende, laissant derrière lui des œuvres intemporelles telles que « N’wala Kankan lé », « Até Foréséla », « Sabari », entre autres.
Il s’est éteint à Paris, en décembre 2002, après une longue maladie. Mais sa voix continue de résonner.
Elle pénétrait les âmes, apaisait les cœurs, soulageait la tristesse et dissipait le stress.
Kankan Baba reste à jamais inscrit dans l’histoire de la musique guinéenne. Il demeure un symbole de courage, de liberté et de fidélité à soi-même pour toute la jeunesse de Nabaya.
Dors en paix, Soldat de la Culture.
Dr Karamo Kaba, fils de Nabaya