Tribune) Au moment où le monde est en questionnement sur fond de remise en cause des alliances stratégiques, avec son corollaire de crises multiformes, la Guinée est encore à la croisée des chemins.
C’est le moment plus que jamais de resserrer les rangs pour faire un meilleur usage de nos atouts, de nos capacités, de nos ressources, mais aussi de procéder à une analyse critique de nos faiblesses et de nos inconséquences.
Contrairement à ce que pensent beaucoup d’entre nous, par les temps qui courent, aucun pays ne peut nous prêter une particulière attention quand ce pays est lui-même confronté à de lancinantes préoccupations domestiques .
D’ailleurs, retenons que la Communauté internationale a eu à connaître tellement de désarroi de la Guinée qu’elle en est arrivée à se désespérer de notre pays malgré ses immenses ressources naturelles, humaines , morales et culturelles.
Il est donc grand temps que notre pays qui a tellement donné aux autres puisse enfin brandir l’étendard de la respectabilité par la cohésion de tous ses fils et filles afin de tirer profit de son immense potentiel.
En la matière, les hommes politiques, les élites, les leaders d’opinion de tout bord et toutes les personnes ayant une capacité d’influence ont une responsabilité cruciale .
Plus que jamais, leur devoir est de se ressaisir pour donner un vrai espoir à notre peuple, surtout à sa jeunesse dont une bonne partie rumine sa rancœur sur le comportement erratique de certaines personnes qu’elle avait investies de leur estime.
C’est pourquoi il est temps de mettre en sourdine les dissensions, querelles et guerres d’égo, mettre fin aux propos guerriers de quelque côté que ça viennent et se retrouver avec détermination et sans à priori autour d’une table de dialogue.
Les détenteurs du pouvoir ont le devoir de créer le contexte qui sied à une telle mission salvatrice et de jouer une sincère partition.
Nos hommes de média devraient accompagner ce processus de manière responsable en évitant de construire des murs de méfiance entre les parties prenantes.
Au moment où la Nation côtoie la fragilité, ils devraient s’interdire des propos réducteurs et parfois des suppositions dangereuses qui peuvent attiser les rancœurs et donner des prétextes à ceux qui ne cherchent qu’à en découdre. Même en cas de certitude absolue, ils doivent savoir que c’est un devoir patriotique d’user de mots justes pour panser les plaies et non user de la plume ou du micro pour aggraver les tensions et mettre le pays en émoi. La Nation entière leur en saura gré .
En se rendant autour de la table de dialogue ou de concertation, au-delà des aspects sémantiques, chaque participant doit se dire que c’est l’intérêt supérieur du pays qui doit primer et non la position rigide de tel ou tel groupe.
En effet , si l’objectif d’un participant est de venir dans le but d’en sortir avec un trophée de guerre, alors il aura failli à sa mission sacrée de vrai patriote.
Il n’y a aucune barrière qui soit infranchissable sauf celle que nous créons nous mêmes dans notre propre cerveau et que nous imputons à autrui.
Le pays connaît déjà suffisamment de rancœurs causées par la désinformation, les erreurs ou fautes supposées ou confirmées susceptibles d’entraîner des violences aux conséquences fort dommageables pour que l’esprit de mansuétude habite le cœur de tout un chacun.
C’est en cela que chacun devra saisir comme une opportunité à ne pas manquer l’appel au dialogue que vient de lancer le Premier Ministre Mohamed Beavogui au nom du Gouvernement et du CNRD.
Je souhaite vivement que chacun avance vers cette chance qui additionnera nos diverses richesses intellectuelles et nos expertises qui ont excellé hélas ce dernier temps à se nier, à se combattre et à se dénigrer tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Faisons désormais preuve d’un vrai sursaut patriotique en ne traînant plus notre pays dans la boue par notre refus de la division et ainsi mettre la Guinée au dessus de tout.
Kabinè Komara
Ancien Premier Ministre